samedi 22 janvier 2011

Crin-Blanc -chapitre 3 ( suite )

Il fut réveillé en même temps que le vieux gardian par le hennissement du cheval d'Antonio ,attaché à la longe sous les arbres.
"A qui parles-tu ,Franqui?"dit Antonio.Ou alors ,ce sont les taons qui te piquent.Allons ,paix!...
Antonio!...
Eh bien ?...
Antonio...regarde!...
Qu'est-ce qu'il y a ,petit?...
Là ,là, Antonio...."
Folco désignait du doigt ,en direction du marais ,un bouquet de joncs ,une tache verte sur la plaine brûlée oú le soleil poudroyait.
"Je ne vois rien ,dit Antonio

qui avait mis la main ouverte en visière devant ses yeux.Il est vrai que ma vue baisse.Qu'as-tu vu ,Folco?...
Crin-Blanc.....,murmura le garçon la gorge serrée.Le poulain de Rita...Il descend vers le fossé.Et Franqui l'a senti de loin.Il l'a appellé...."
Une deuxième fois , le cheval du vieux gardian lança son hennissement sonore.
"Le poulain vient vers nous , Antonio.Il a retrouvé les pâturages de sa manade .C'est lui !Je suis sûr que c'est Crin-Blanc...."
Une petite voix grêle ,tremblotante , répondit de loin à l'appel de Franqui.
"Reste ici ,Folco! ordonna Antonio ,en retenant par un bras le jeune garçon qui était prêt à s'élancer .Reste près de moi et ne bouge pas.
Il boite ,Antonio....
Non ,il est fourbu.Tu avais raison ,petit, c'est lui.
Je savais bien que c'était Crin-Blanc.
Et en quel état!...grommela le vieux gardian.
Maintenant qu'il approchait , on pouvait mieux voir ce que des jours de course folle à la recherche de sa mère avaient fait du magnifique petit cheval.
C'était bien Crin-Blanc ,qui n'avait plus un poil de blanc.Toute sa robe ,d'un gris de boue ,était souillée.La queue du poulain pendait ,sèche comme une corde.Il allongeait le cou ,la tête basse ,comme si elle avait été trop pesante.
Il n'aurait plus été capable de courir.Il traînait lourdement ses sabots dans la terre.
Au nouvel appel de Franqui ,Crin-Blanc releva la tête.Il portait encore fier en face du grand cheval.Il hennit , s'arrêta et gratta la terre du sabot.
"Il a de qui tenir ,dit orgueilleusement le vieux gardian.On a rarement connu une plus fière jument que Rita.C'était , en son temps ,la reine de la manade.Regarde comme ce poulain se redresse.Et il ne tient presque plus sur ses jambes.
Laisse-moi l' approcher ,Antonio.....,dit Folco.
Non!
Lui parler , alors....Je t'en prie, Antonio?
Non...laisse-le parler à son grand frère.Il revient de loin , tu sais ,ton Crin-Blanc.Et s'il a quelque chose à dire , ce n'est pas à nous , les hommes!
Il est passé par une rude épreuve.Il ne l'oubliera pas de sitôt!..."
Folco devait se souvenir plus tard de cette parole du vieux gardian qui connaissait bien les chevaux de Camargue.
"Tu vois ,Folco .Franqui vient de lui parler , au jeune .Crin-Blanc , ce soir, aura retrouvé la troupe de ses frères sauvages.A la nuit ,il ira boire avec eux à la rivière.Et prendre un bain....Il a besoin de se décrasser!
Tu es sûr qu'il n'est pas blessé ,Antonio?
Tu ne vas pas m'apprendre à regarder marcher un cheval , petit!...Tiens ,vois-le ton ami...L'air de sa manade lui a donné du coeur au ventre.Une pirouette...un temps de galop....Et allez donc!....
Il est beau , Antonio.
Très beau....., dit le vieux gardian.Ce sera un seigneur.En selle...Nous pouvons rentrer maintenant .Te voilà rassuré?
Oui ,Antonio.Je suis content.Et c'est vrai, ce que tu as dit?
Si c'est vrai?...Pour sûr ! Et je m'y connais , tu peux me croire.Ton Crin-Blanc , il a déjà le port d'un seigneur...."


Fin du chapitre 3.Le prochain s'intitule " Le prince blanc "

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire