mercredi 12 janvier 2011

Crin - Blanc chapitre 2 (suite )

L a bouche noire du poulain n'était pas seulement crispée de douleur,mais surtout de fureur et de rage.L'animal était à bout de souffle.
"C'est moi,Folco.....Je suis un ami."
Le garçon s'approcha.
Le poulain tourna la tête vers lui.Sa robe blanche était toute souillée de poussière.En se débattant ,Crin - Blanc s'était déchiré les naseaux aux épines.Il était épuisé ,mais il restait hargneux.Dans ses grands yeux,on lisait en même temps la crainte et la colère.
"Crin - Blanc....n'aie pas peur de moi....."
Le poulain sembla s'apaiser.Il était sensible à cette voix.
Un moment passa.
Crin -Blanc paraissait calmé.
Mais ce n'était plus l'innocent petit cheval tout prêt à se laisser caresser :celui qui avait rencontré le regard et le beau sourire du garçon dans le miroir d'eau du marais.
Les hommes,que le poulain n'avait jusque-là jamais vus,l'avaient malmené,à demi assommé et garrotté dans des cordes. C'était maintenant une petite bête qui retrouvait tout d'un coup ses instincts sauvages.
Folco ,qui tendait la main pour délier son ami,la retira brusquement.Il s'en était fallu de peu que Crin-Blanc ne la déchirât d'un coup de dents.
"Je ne te veux pas de mal....tu sais bien.....!"
Mais le poulain avait peur.Sa belle poitrine blanche se soulevait par saccades.Folco ne pourrait pas le toucher ,mais seulement lui parler.
"Doux,doux....Crin-Blanc....."
Folco s'accroupit à quelques pas de son ami.Il le regardait.Quand cette grande colère serait apaisée,Crin-Blanc se laisserait délier.Mais pour l'heure,les deux yeux noirs pleins de feu semblaient dire:
"Ne me touche pas!....."
Il avait déjà un instinct trèe sûr,ce petit de Camargue.Ces cordelettes qu'avaient nouées les bohémiens étaient ses premières entraves.
Crin-Blanc acceptait la présence de ce garçon.Il s'était habitué à son odeur et à sa voix.Mais il n'avait pas besoin de son aide pour défaire ses liens .
"Tu as déjà des dents ,dit Folco en riant.Et tu sais t'en servir.....
Crin-Blanc mâchonnait patiemment sa corde,il l'arrachait par lambeaux et,d'un coup de langue,léchait ses pieds meurtris.Un regard du côté de Folco.....Puis le poulain recommençait à scier la cordelette de chanvre.
Enfin ,elle se défit.
D'un bond ,Crin-Blanc se remit sur pieds.Folco s'était relevé aussi.La tête du poulain lui venait à l'épaule.
Le garçon comprit que c'était le moment de leur vraie rencontre,le moment d'amitié.
Le poulain était maintenant tout seul,perdu au milieu du marais,sans sa mère.La peur d'être abandonné le faisait trembler et troublait son regard.
La nuit était noire.Pas une étoile au ciel.
"Crin-Blanc!....
Le beau petit cheval allait-il le suivre?....
"Viens.....viens....."
Le poulain sentait l'air comme l'avait fait la jument.
Folco fit quelques pas comme pour s'éloigner.
"Viens ,Crin-Blanc...Viens avec moi..."
Oh ! joie!...Timidement,à pas comptés ,le petit cheval suivit Folco.Il n'avait plus peur.
Brusquement,Crin-Blanc s'arrêta.Il tendit le cou,tourna la tête de droite,de gauche, et demeura planté sur ses jambes,immobile,tournant le dos au marais.
Et tout à coup,il s'élança.En trois bonds,il prit son élan.
Comment le retenir?...
Déjà le magnifique poulain ne pouvait plus entendre l'appel désespéré du garçon.Les naseaux dans le vent,ventre à terre,le petit cheval sauvage se lançait sur la piste des voleurs de chevaux,qui avaient emmené sa mère.
Une petite tache claire qui s'efface dans l'ombre....
Folco reste seul au milieu de la plaine où le vent fait crier les roseaux du marais de Camargue.

Le coeur lourd,le gerçon revient à son bateau.
Au mas, on doit être inquiet de sa longue absence.Le grand-père Eusebio et le petit frèe de Folco doivent l'attendre avec impatience.
Vite....vite!...
Folco court à toutes jambes.Il saute dans son barquet.Il pousse à la perche tant qu'il peut.
De très loin encore ,en atteignant le tournant du chemin d'eau ,il voit briller dans la nuit la patite lumière du mas.
Est-ce qu'il racontera ,en arrivant chez lui,l'incroyable aventure qui lui est survenue ce soir ?...

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